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Maladie d’alzheimer: un espoir?

Veille scientifique  |  20 janvier 2022

Et si on pouvait identifier une nouvelle thérapie sans à priori se basant sur une approche épidémiologique?

Une étude récente montre que parmi 1300 molécules autorisées par les autorités US, la bumétanide pourrait atténuer la maladie d’Alzheimer. Partant de tissus humains, les auteurs montrent que la bumétanide est celle qui renverse le mieux les signatures associées à cette maladie. Ensuite, il est montré que la bumétanide atténue la sévérité de cette maladie dans des modèles animaux. Encore plus impressionnant, les auteurs examinent dans les larges cohortes disponibles et montrent que les séniors de plus de 65 ans qui ont consommé de la bumétanide -par exemple pour hypertension- ont de 30 à 70% moins de risque de contracter la maladie d’Alzheimer. D’autres analogues ayant aussi des effets diurétiques n’ont pas cet effet , qui est donc bien associé de façon spécifique à la Bumétanide. il convient de rappeler que nous n’avons aucun traitement efficace de la maladie d’Alzheimer malgré des décennies d’investissements importants.

Ce travail montre d’abord que le repositionnement de médicaments utilisés depuis longtemps et dont les effets secondaires sont largement connus -comme la Bumétanide- offre pas mal d’avantages en termes de coût et de rapidité. La Bumétanide est un antagoniste spécifique d’un co-transporteur (le NKCC1) qui importe du chlore notamment dans les cellules et ce faisant contrôle l’inhibtion neuronale mais aussi le volume cellulaire.Cette molécule n’est en plus pas une nouvelle venue, nous l’avons étudié dans le traitement de l’autisme, de la maladie de Parkinson, de la schizophrénie et de nombreux travaux suggèrent qu’elle pourrait être utile dans le traitement des AVC, des douleurs chroniques, de la chorée de Huntington et on en passe, une véritable liste de Prévert. La

En tout cas, ce type de travail montre combien il est erroné de penser qu’il existe une relation sans équivoque : un gène, une protéine, une maladie ; encore en vigueur dans l’approche tout génétique. Il faudra bien réaliser que la complexité des évènements générant une maladie neurologique et psychiatriques interdit de simplifier et appelle a plus de modestie, on va au mieux atténuer ces maladies mais pas les guérir. L’utilisation de molécules comme la bumétanide qui agit sur une protéine ayant une distribution largement ubiquitaire et pouvant agir sur de nombreux sites offre des avantages dans ce cadre. Reste à comprendre comment des maladies aussi différentes pourraient avoir des signatures apparemment semblables, en tout cas elles vont nous permettent de réduire/retarder la maladie ce qui n’est pas si mal.

Taubes et al Experimental and real-world evidence supporting the computational repurposing of bumetanide for APOE4-related Alzheimer’s disease Nature aging october 2021, 932-947

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